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Colivraison de produits locaux

Lancée en 2016, la Charrette est une plateforme collaborative créée par deux sœurs originaires de Haute-Savoie,  sur laquelle se rencontrent les producteurs qui ont de la place dans leur véhicule et les producteurs qui souhaitent faire livrer leurs produits. Face au succès du concept après 2 ans d’existence, les fondatrices ont investi dans un nouveau site en 2018  afin de déployer plus largement leur activité. C’est pour les appuyer dans lce développement que France Active Savoie Mont-Blanc est intervenu par le biais d’un financement.

Laura Giacherio, co-fondatrice, a répondu à nos questions.

• Comment a émergé l’idée de la Charrette ?

Nous sommes deux sœurs, l’une à Paris l’autre en Haute-Savoie, qui avons fait le constat que manger local était contraignant (distribution hebdomadaire, participation à une Amap, marchés etc.) ou cher (marketplaces qui voient le jour avec des tarifs élevés). Nous nous sommes alors penchées de plus près sur cette question et avons découvert que cette contrainte et ces prix élevés étaient principalement dû à l’absence d’un système logistique des circuits courts. En effet, les producteurs qui décident de vendre en direct doivent assurer seuls la multitude de livraisons que cela engendre. Ils se retrouvent à livrer sans cesse des volumes faibles sur des distances qui peuvent être assez longues et avec des véhicules peu optimisés… Résultat, ils y passent beaucoup de temps, d’argent et génèrent beaucoup de CO2. C’est pour cela qu’ils facturent cher la livraison ou qu’ils ne distribuent que une fois par semaine ou moins, rendant l’accès aux produits locaux limités à ceux qui peuvent se le permettre. Lorsque l’on a réalisé cela, nous avons gratté un peu pour comprendre pourquoi il n’existait aucun système logistique qui venait les soulager. Nous avons compris que les transporteurs étaient soit trop chers soit pas intéressés par de tels volumes. Mais en grattant plus loin et en enquêtant auprès d’une centaine de producteurs de Haute-Savoie nous avons compris que beaucoup de producteurs parcouraient inlassablement les mêmes routes chaque semaine… L’idée de les aider à covoiturer est née et nous avons décidé d’en faire notre projet. Puisque personne ne le faisait (ni en France ni ailleurs) nous nous sommes dit pourquoi pas nous. Nous avons quitté nos jobs pour lancer en 2017 La Charrette, le « covoiturage des producteurs » !

• Pour vous, quelle a été la plus-value de l’accompagnement/financement de France Active Savoie Mont-Blanc lors de la création de la Charrette ?

Lorsque nous avons lancé La Charrette, nous avions de grandes ambitions quant au développement rapide de notre communauté de producteurs et au déroulement de notre business model. C’était sans compter sur notre envie de grandir pas à pas et sur le changement d’usage qu’implique notre solution. La Charrette a reçu un fabuleux accueil mais nous devons travailler chaque jour à transformer tous ces agriculteurs hyper intéressés en utilisateurs du quotidien ! Le site connaissant un joli succès nous avions ainsi besoin après deux ans d’existence de financer notre croissance : aller chercher plus de producteurs et développer un nouveau site avec assurance, paiement en ligne etc. Avoir un réseau comme France Active Savoie Mont-Blanc à nos côtés, auprès de qui trouver un financement et de l’encouragement a été une grande étape pour nous professionnaliser. En 2019 grâce à cela nous sommes passés d’un projet qui a du succès à une véritable entreprise avec une salariée et un site qui cartonne !

• Vous développez une plateforme permettant de favoriser le développement des circuits courts et de réduire les contraintes de livraison pour les producteurs, vous avez fait une demande d’agrément entreprise solidaire d’utilité sociale ça n’est surement pas par hasard… En tant qu’entrepreneures, quel.s sens avez-vous souhaité donner à votre projet ?

Depuis le départ notre objectif est de rendre les circuits courts accessibles à tous. Nous voulons que La Charrette permette aux producteurs d’abord de Rhône-Alpes mais plus tard de France de ne pas se poser la question de la livraison quand ils souhaitent se tourner vers de la vente directe. Car ce problème de livraison est encore trop souvent un frein, c’est cela qui bloque l’essor des circuits courts et leur accessibilité à tous. Nous avons choisi délibérément la logistique car personne ne développe de projet similaire et nous souhaitons pouvoir travailler avec toutes les forces vives du secteur. Puisque notre objectif est d’aider les producteurs à mieux vivre de la vente directe et de réduire l’emprunte carbone des circuits courts, il était évident de s’inscrire dans une logique d’économie sociale et solidaire. Nous avons donc placé cet impératif social et environnemental avant celui du profit dans nos statuts et nous sommes tournées vers l’incubateur La Ruche (spécialisé en ESS) pour notre démarrage. Aujourd’hui nous préparons notre validation ESS et bientôt ESUS et nous tournons vers des financements responsables (des réseaux tels que France Active et plus tard des fonds à impact). C’est notre ADN et ce qui nous motive chaque jour est d’entendre nos producteurs nous dire que grâce à nous ils peuvent passer plus de temps sur leur exploitation ou avec leur famille et envisagent plus de vente directe.

• Aujourd’hui, quelles sont les perspectives de la Charrette ?

Plein de choses ! Nous avons beaucoup de projets en tête mais essayons de garder un cap solide pour toujours avancer pas à pas. Nous cherchons à valider notre modèle dans la région pour pouvoir aller l’essaimer ailleurs en France, ce qui commence déjà d’ailleurs grâce à de super partenariats en cours. Notre priorité cette année est donc d’amener tous les producteurs de Rhône-Alpes qui font de la vente directe à utiliser notre site, de convaincre également les petits transporteurs de venir optimiser leurs tournées en proposant leurs trajets sur la Charrette, et de montrer que nous pouvons construire une entreprise à fort impact et viable économiquement. Dans les cartons aussi, un label que pourrait utiliser les épiceries et restaurants qui s’approvisionnent chez les producteurs de la Charrette et qui contribuent à baisser l’impact environnemental du circuit court et son essor. Nous imaginons que demain vous rentrerez dans un restaurant à Annecy qui dirait « Mes produits sont locaux et font du covoiturage sur à la Charrette // Cette année j’ai permis à la planète une économie de X tonnes de CO2». Pas mal non ? : )

Découvre le site de la Charrette : https://lacharrette.org